Saint-Michel, ses origines


    Dans le haut Moyen Âge, vers les années 950 à 980, Saint-Michel appartenait aux seigneurs de Taran : Taran signifiant terroir, village.
Les seigneurs de Taran avaient comme centre de culte ce qu'ils nommaient alors "la Gleysare" ou grande église, située à peu près au même endroit que l'église actuelle et qui était déjà dédiée à leur saint patron.
Ce qu'il faut savoir ou ne pas oublier, c'est que de Louis XII à Charles IX, chaque souverain et co-seigneur, avant d'être investi dans ses fonctions, allait sur la route de la lumière, au Mont-Saint-Michel implorer la protection divine par l'intercession de l'archange Saint-Michel (extrait de l'histoire sacrée du Moyen Âge).
Les seigneurs de Taran, pour assurer la charge de leurs fonctions, avaient donc eu recours à l'archange Saint-Michel, prince des esprits célestes chargé de faire connaître aux hommes la volonté de Dieu. Ainsi il le désignèrent patron du village. Saint-Michel de Taran était né !
Ces seigneurs habitaient un donjon en bois situé au sommet de la motte féodale qui se trouve au nord du village, à l'Ouest de la digue du moulin de Saint-Michel, et qui à l'heure actuelle est encore un mamelon boisé, vestige visible sur les terres de Hubert Gouzenne (Berdure), cadastré sous le nom de "Bayonnats".
Ses mottes artificielles servaient de défense aux seigneurs du Moyen Âge, alors que le peuple se réfugiait dans les Castéras(champs carrés, arrondis ou mamelonés  délimités eux aussi par de grands fossés artificiels).
En Gascogne, l'existence de ces mottes castrales constituées par un tertre tronc-conique de terre rapportée, cerclé d'un fossé, au sommet duquel était planté le château sur motte ou donjon de bois très rudimentaire, est assurée, dès avant l'an 1000, dans la deuxième moitié du Xe siècle.
Il s'agissait de fortifications vite faites, théoriquement peu exigeantes, financièrement peu coûteuses, qui convenaient parfaitement à la classe montante des milites ou seigneurs et dont la diffusion large et rapide atteste de leur foudroyant succès.
Le pied du tertre est généralement flanqué d'une basse-cour de plan ovalaire protégé d'un fossé et d'un talus que surmonte une palissade.
Vers l'an 1135 de notre ère,12 moines venus de l'abbaye-mère de Morimont sous la conduite de l'abbé Aubert, fondèrent l'abbaye de Berdoues, sur une terre concédée par le comte d'Astarac.
L'abbaye prospéra rapidement, reçut des seigneurs et paysans de la contrée un grand nombre de terres. Chaque fois que celles-ci étaient regroupées en nombre suffisamment important (10 ha environ) l'abbaye installa un centre d'exploitation agricole appelé "Grange". Ainsi se formèrent les granges de Taran, de Saint-Michel, d'Augas à Saint-Médard, de Darré à Berdoues, de Fonfroide à Montesquiou, de Cuélas, de Saint-Elix, d'Esparsac aux portes d'Auch, d'Aujan, de Meilhan, de Lézian (le futur Mirande) et la Grange d'Artigues sur la rive droite de la Baïse.
Ce préambule explique ce qui suit :
Vers 1175, grâce au Cartulaire de Berdoues, on parle pour la première fois de la "Grange de Taran" fondée par le père abbé de l'abbaye cistercienne de Berdoues.
Ce fut la première grange fondée par le monastère au confluent de la Baïse et de la Baïsole sous la conduite du frère convers Vital de Taran, supérieur général entre 1180 et 1188 et de, en 1244, Guillaume Garcy de Taran, moine de Berdoues, qui l'exploitèrent et en firent un centre agricole actif dans lequel la terre était plus rationnellement et intensément cultivée que nulle part ailleurs.
Les autres centres fondés plus tard, Paesqué, la Sacristie, l'Infirmerie (haut de Berdoues jouxtant Ponsampère) servaient aux soins des moines et convers et à l'entretien des églises et chapelles du couvent.
Les comtes d'Astarac habitèrent Mont d'Astarac jusqu'aux environs du XIe siècle. Le comte d'Astarac s'opposa aux religieux de Simorre, livrant le château à ce dernier. En quittant les lieux, le comte fit raser le château et fit de Mirande sa résidence définitive. Celle-ci devint capitale de l'Astarac en 1297. La Perche fut établie. La Bastide de Mirande fut fondée à partir de 1281 par Pierre de Lamaguère, moine de Berdoues et le comte d'Astarac, Centulle III. Mirande alors se nommait Saint Jean de Lézian.
Taran était dirigée alors par la Perche de Mirande jusqu'à la Révolution. La juridiction des consuls s'exerçait sur 18 villages (Artigues, Lafitte Tronceus,Valentrès, Saint-Martin de Horgues, Soulès Arous, Respaillès, Lafitte Toupière, Bascous, Pouyguillès, Saint-Médard, Saint-Michel, St Jaymes, Sargailloles, Bazugues, Saint-Clamens, Cuelas et Saint-Elix).
Pour nommer les Consuls, le conseil de la communauté proposait quatre noms aux comtes et à l'abbé de Berdoues, chacun en choisissait deux.
La perche ( ancienne mesure agraire qui valait 34,218 m): regroupement des paroisses du même chef-lieu ayant même mesure et même consulat. Les consuls se réunissaient à Mirande pour délibérer. Étaient représentés deux bourgeois, un artisan et un laboureur.
D'après le livre terrier (cadastre de l'époque) de 1741, nous savons que le hameau des Pégots était sûrement un hameau de descendants d'anciens lépreux.: "Pégots" étant une déformation de cagots, capot, Congot, Chrestian et non "fous" ou "idiots" comme on pourrait le penser.
Sarragaoille, commune rattachée à Saint-Michel le 25 mars 1830, par ordonnance du Roi, avait comme  seigneur le duc d'Antin, et comme limite vers Sainte Dode, la Riou Bagnaou; une fontaine dont on parlait, la Hount de Peÿro; un lieu-dit la "Potentio", à côté de la Houn dou Capulet (la légende prétend qu'un moine aurait décapité une soeur à cet endroit). A cette "Potentio" on devait exécuter les condamnés, à la naissance de la "Riou Pouyrét": ruisseau qui se jette dans la Baïse, au nord du village actuel (pont du général) et qui doit sûrement son nom, aux cadavres qui devaient pourrir en son sein.
Toujours d'après le livre terrier de 1741, le noble Jean-Charles de Larroux, sieur de la Houeillass qui tient maison et pigeonnier au lieu-dit "la Houeillass" et "la Piboulède" qui confronte au levant et au midi la Baïse, et au couchant le ruisseau faisant limite avec Sainte Dode (Riou Bagnaou).
Le noble Dominique de Larroux, frère du précédent à "Beauregard" (construit en 1743) tient maison et pigeonnier et confronte à l'Est la Baïse et de trois autres côtés les terres de "la Houeillass" (château actuel). Il naquit en 1770, fut chevalier de l'ordre de Saint-Louis et père de la marquise de Cugnac-Giversac (1828 - 1907), elle-même grand-mère de la comtesse Dollin du Fresnel, né de Russel Killou, dont l'oncle est un célèbre explorateur Pyrénéiste Henri de Russel Killou. Sa statue se trouve à l'entrée de Gavarnie et une grotte du Vignemale porte son nom.
Saint-Michel ainsi que Saint-Jaymes (annexe actuelle de Saint-Michel) ont été créées communes avec une mairie dans chaque village, à la révolution en 1792.
À 1822, Saint Jaymes perdit sa mairie et fut rattachée par ordonnance royale à Saint-Michel pour ne former qu'un seul village : le nôtre !